Un enfant qui argumente, ce n’est pas nécessairement un problème! Cependant, il y a certains enfants qui malgré les explications de leurs parents vont avoir du mal à accepter les limites. Leur argumentation prend plutôt la forme de protestation incessante. Dans ce cas, l’intention du jeune est plutôt de mettre de la pression sur son parent pour contester ce qui lui a été refusé ou encore pour éviter de faire ce qui lui est demandé, par exemple. Dans ces cas-là, l’argumentation peut devenir une source de conflits récurrents entre les parents et leur enfant.
Je suis Jessica Rousseau, Éducatrice spécialisée et Coach parental. J’accompagne les parents qui veulent régler des problèmes de comportements et de sommeil avec leurs enfants.
Dans cet article, nous verrons comment intervenir avec l’enfant qui argumente sans cesse.
L’argumentation…du plus petit au plus grand!
Le jeune enfant qui argumente
En effet, dès l’âge de 2-3 ans, l’enfant prend conscience qu’il a ses propres désirs et il tente de les réaliser. Ce qui est totalement sain et normal! Cependant, l’enfant prend aussi conscience des limites que ses parents lui imposent et qui l’empêchent de réaliser tout ce qu’il a en tête. C’est d’ailleurs ce qui marque la période du terrible two et du fucking four! Dans cet ordre d’idées, comme le langage du tout-petit s’est développé, il peut se mettre à argumenter pour obtenir ce qu’il veut. Bien sûr, quoi qu’on peut expliquer le plus simplement possible un « non » à un tout-petit, il est plutôt conseillé de s’en tenir à la régle, sans céder.
L’argumentation chez les préados et les ados
Par la suite, plus le jeune grandit, plus il est à la recherche d’indépendance et de pouvoir sur sa vie. Cependant, il ne faut pas se méprendre, ils ont encore besoin de leurs parents pour les encadrer, mais ce cadre doit évoluer. En effet, il devient important d’être à l’écoute du jeune, même si nous ne partageons pas son point de vue. En effet, c’est un moyen de conserver le lien de confiance et la communication ouverte si on veut demeurer une ressource pour lui. En ce sens, lorsque l’enfant plus mature se met à argumenter, on peut se permettre de discuter davantage avec lui, répondre à ses questions et lui fournir des explications. En agissant ainsi, le jeune peut trouver un sens à nos décisions et apprendre à les respecter plus facilement.
L’enfant qui argumente tente de communiquer
Certes, dans une famille, il y a des décisions d’adultes qui peuvent parfois déplaire aux enfants. En effet, quand l’enfant argumente, il est en train de nous parler de lui. L’argumentation nous donne donc l’occasion d’échanger avec lui sur nos différents points de vue. C’est aussi l’occasion de faire le point sur nos désaccords afin de mieux se comprendre.
De plus, lorsqu’on se place dans une position d’écoute, la discussion peut nous permettre de se mettre à niveau comme parent. Par exemple, après avoir écouté notre jeune, il se pourrait qu’on fasse évoluer une règle devenue dépassée ou qu’on trouve un compromis gagnant-gagnant.
Cependant, quand l’enfant argumente sans cesse, même devant des consignes simples et routinières, il est fréquent que les échanges tournent en disputes. En effet, lorsqu’à la moindre demande, l’enfant argumente, les parents ont le sentiment de passer leur temps à s’obstiner pour que l’enfant réponde à leurs attentes. Dans cet esprit, l’argumentation devient une source de conflits.
Un exemple typique de l’enfant qui argumente…
Victor, 8 ans, argumente.
Victor: « Pas question que je fasse mes devoirs. »
Sa mère: « Oui, tu vas faire tes devoirs. »
Victor: « J’men fou. Je ne les fais pas et je ne vide pas ma boîte à lunch. »
Sa mère: « T’as pas le choix. Tu fais tes devoirs et tu vides ta boîte à lunch. »
Victor: « T’as pas de devoirs, toi, alors pourquoi j’en ferais, moi. »
Sa mère: « Moi, je les ai faits quand j’avais ton âge. »
Victor: « Léa n’en fait pas de devoirs, elle. Alors moi non plus. »
Sa mère: « Voyons Victor, Léa a 5 ans. T’avais pas de devoirs à 5 ans toi non plus. Ça suffit, fais tes devoirs. »
Victor: « Si je fais mes devoirs alors j’ai le droit de prendre la tablette après. »
Sa mère: « Pas de tablette la semaine, tu le sais. »
Victor: « C’est pas vrai. Maxime a pris la tablette hier. Tu mens pis en plus, tu l’aimes plus que moi ça veut dire. »
Sa mère: « Arrête ça! Maxime a pris la tablette pour compléter un devoir. »
Victor: « C’est ça. Gna gna. C’est ton chouchou.»
Sa mère: « Ça n’a rien à voir. À ce que je sache, tu as eu la tablette toi aussi en fin de semaine… »
Victor: « Ouais ben c’est nul juste la fin de semaine. T’es nulle! »
Sa mère: « Wo! Reste poli. Tu t’en vas dans ta chambre tout de suite. »
* La situation tourne en dispute, la discussion s’en va dans tous les côtés et finalement, Victor ne fait pas ses devoirs.
L’enfant qui argumente: 3 étapes pour l’arrêter
- Ne plus répondre à ses arguments.
- S’en tenir seulement à la règle.
- Mettre fin à la discussion en lui remettant 2 choix.
1.Ne plus répondre quand il argumente
Comme parent, rappelle-toi que plus tu réponds aux arguments de ton jeune, plus tu le fournis en carburant pour continuer sa négociation. En effet, plus tu répliques plus tu lui donnes l’occasion de répliquer…encore et encore!
Imagine-le comme un jeu de ballon…Tant que vous vous faites la passe, le match continue. Dans cette optique, le mieux est d’intercepter sa passe et de ne plus la repasser. Bref, on cesse de répliquer.
Toutefois, l’objectif n’est pas de rejeter le jeune, mais plutôt de ne plus favoriser l’argumentation. Chez moi, quand les enfants s’obstinent entre eux, je leur dis de cesser de mettre du bois dans le feu. Que se passe-t-il quand on cesse de mettre du bois? Le feu finit par s’éteindre alors que si on continue, on alimente le feu.
Certes, on comprend bien que personne ne s’obstine tout seul bien longtemps. Pour que ton enfant argumente avec acharnement…C’est peut-être que quelqu’un argumente avec lui?
En résumé, une fois qu’une explication a été fournie à ton enfant, le meilleur moyen de faire cesser l’argumentation est de cesser d’argumenter avec lui.
2.Il argumente…encore: tiens-toi s’en à la règle
Certains enfants sont très insistants! En effet, même si tu cesses d’argumenter avec ton enfant, il se peut qu’il persiste encore quelques fois…Ne t’inquiète pas! Même si tu as cessé de mettre du bois dans le feu, laisse-lui un moment pour s’éteindre.
Ainsi, si après ton silence, l’enfant continue d’insister, tu peux intervenir en le ramenant seulement à la règle. Autrement dit, tu répètes toujours et uniquement la règle initiale en parlant le moins possible…Quitte à ne dire qu’un seul mot!
Par exemple:
“Victor, quand tes devoirs seront faits, nous parlerons d’autres choses.”
“Victor, devoirs.”
“Devoirs.”
“Devoirs.”
Effectivement, avec un jeune tenace, cette étape peut nécessiter quelques répétitions, mais en agissant ainsi, tu évites de dévier de sujet et il est plus facile de contenir les émotions qui t’habitent.
Puis, pour le jeune, ta demande (tout comme ta limite!) demeure claire. Cette intervention s’avère efficace et convaincante même pour les plus futés.
3.J’ai tout tenté…et il argumente encore: mets fin à la discussion avec 2 choix.
Premièrement, assure-toi d’être dégagé émotionnellement. En effet, à force de trop vouloir convaincre ton enfant d’arrêter d’argumenter, tu permets au jeu de continuer. Alors, si tu as déjà tout tenté, annonce officiellement la fin du match. Tu te retires donc de la partie!
Autrement dit, annonce clairement que la discussion est terminée de ton côté et qu’à partir de cet instant, tu ne discutes plus et tu ne répètes plus. Puis, présente-lui ses choix.
“Ok mon grand, la discussion est maintenant terminée pour moi. Tu connais la règle: tu dois faire tes devoirs. Tu peux donc continuer de t’obstiner tout seul ou faire tes devoirs et passer à autre chose. À toi de décider. Tant que tes devoirs ne sont pas faits, il ne se passe pas d’autres choses pour toi. Moi, je vais jouer dehors avec les autres.”
Pourquoi mon enfant argumente?
Un comportement qui dure a une fonction! De sorte que si ton enfant continue d’argumenter sans cesse…C’est que ce comportement lui sert à quelque chose!
Dans cet esprit, posez-vous les questions suivantes:
Est-ce qu’argumenter lui permet d’obtenir ce qu’il veut ou est-ce qu’argumenter lui permet d’éviter ce qu’il ne veut pas?
Quand on n’en peut plus!
Quand la plupart des consignes tournent en conflits, toute l’ambiance familiale en est affectée. Bien sûr, les parents peuvent devenir à bout et les relations peuvent vite s’envenimer. Si vous êtes à la recherche de solutions pour que les comportements changent, des consultations en coaching parental vous aideront à travailler la dynamique familiale avec des stratégies sur mesure.
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Jessica Rousseau, Coach parental
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