La peur le soir: le noir, les monstres, les méchants…Tout allait assez bien pour coucher ton trésor, puis tout à coup, c’est l’enfer? Et si c’était l’apparition des peurs? Entre 3 et 6 ans, les peurs surgissent et c’est une étape tout à fait normale. Il y a plusieurs façons très simples d’aider notre enfant à estomper ses peurs le soir.
Je suis Jessica Rousseau, Éducatrice spécialisée et Coach parental. J’accompagne les parents qui veulent résoudre les enjeux de comportements et de sommeil de leurs enfants. Dans cet article, voici quelques astuces simples pour traverser la période des peurs le soir.
La peur le soir: un stade de développement
L’imagination de ton tout-petit bat son plein! Ses jeux de rôles se sont beaucoup développés et tu es épaté de constater à quelle vitesse il devient autonome pour s’occuper et s’inventer des histoires toutes plus fantastiques les unes que les autres. C’est une excellente nouvelle!
D’ailleurs, il a même du talent pour exagérer vos petites anecdotes de la vie! Son éducatrice te répète peut-être ce qu’il raconte de sa vie à la maison? Il fabule parfois un brin, hein? Encore une fois, c’est un comportement tout à fait normal! Ton petit-chou distingue encore mal le fictif du réel.
En effet, avec toute cette belle imagination, le soir venu, ton enfant a également de quoi se construire des histoires épeurantes et s’en inquiéter. De sorte qu’au coucher, l’angoisse augmente. Ainsi, une fois que l’enfant se retrouve séparé de ses parents, les peurs émergent.
Quels moyens peut-on prendre pour estomper la peur le soir?
Laisser une veilleuse allumée réduit la peur le soir
La meilleure chose à faire pour ton enfant est de lui laisser une veilleuse allumée toute la nuit de manière à ce qu’il puisse voir ce qui l’entoure réellement.
Ce petit geste simple l’aidera à se sentir en sécurité dans son environnement. Rassure-toi, tu ne crées pas une mauvaise habitude. Au contraire, tu t’adaptes tout simplement à ses besoins actuels et sois convaincue qu’ils évolueront.
Cependant, sache que l’obscurité favorise l’endormissement, il demeure donc important de choisir une veilleuse qui éclaire légèrement.
Tu peux également laisser une petite lampe de poche sous l’oreiller. Ainsi, si l’enfant croit apercevoir quelque chose d’inquiétant, tu pourras le rassurer en éclairant de quoi il s’agit.
Regarde, tout va bien, c’est ton toutou qui est par terre ( pas une araignée géante!).
Identifier les bruits qui déclenchent la peur le soir
Il y a toutes sortes de bruits que l’enfant se met soudainement à entendre alors que dans le brouhaha de la journée, il n’y prêtait pas attention.
Le tic-tac de l’horloge, le plancher qui craque, le calorifère qui grince, etc.
Trouve avec lui d’où proviennent les bruits et montre-lui concrètement de quoi il s’agit.
Regarde mon coeur, c’est le vent qui souffle dans les branches dehors.
En faisant cela, tu aides l’enfant à apprivoiser les bruits familiers de la maison en évitant qu’il s’imagine le pire.
Éviter de semer le doute
Nous l’avons dit, ton tout-petit a l’imagination fertile et il est bien tentant de s’en servir pour lui concocter une potion magique chasseur de monstres. Ce genre de truc bien intentionné pourrait fonctionner un petit moment, mais l’idéal est d’éviter de semer le moindre doute dans l’esprit de ton enfant.
Imagine un instant que je t’invite à séjourner dans un chalet en forêt. À l’heure du coucher, je te fournis tout un attirail de pièges pour te défendre des ours. Pourquoi me donnes-tu cela Jessica, me dirais-tu. Et bien, c’est pour chasser les ours qui pourraient rentrer. Oupelaille! Pas très rassurant, n’est-ce-pas?
En ce sens, si on a besoin d’installer un piège à monstre dans la chambre de ton tout-petit, à ses yeux, il est donc possible que le monstre puisse venir. Pas très rassurant, n’est-ce pas?
Fournit donc une explication rassurante à ton enfant!
Par exemple, explique-lui tout simplement que les monstres viennent des histoires. Comme dans ses livres et ses bonhommes animés, ce sont des inventions et ça n’existe pas pour de vrai. As-tu déjà vu une girafe qui conduit une voiture et une tortue qui chante du rock? Non, ça ne se peut pas!
En faisant cela, il est plus facile pour ton enfant de comprendre que les monstres n’existent pas non plus.
D’un autre côté, certaines de ses peurs s’inspirent du monde réel. Par exemple, s’il a peur des loups, vous ne pouvez pas lui dire que ça n’existe pas.
Dans ce cas-là, rassure-le avec des faits vérifiables.
Par exemple, les loups vivent en famille dans les montagnes. Ils ne s’approchent pas des villes, ni des rues ni des maisons car ils ont peur des humains. En plus, tu ne les intéresses pas du tout! Ils doivent s’occuper de leurs petits et parcourir de longues distances en marchant dans les montagnes. Rassure-toi, tu es en sécurité.
En résumé, pour les peurs qui proviennent de l’imagination, on explique que ça n’existe pas et qu’il se trouve en sécurité. Puis, pour les peurs qui s’inspirent du réel, vous lui fournissez des faits rassurants.
Continuer de faire des bruits familiers
Attention, une fois l’enfant couché, ne laissons pas la maison tomber dans un calme plat. Bien sûr, si la maison semble sans vie, ton enfant deviendra préoccupé, méfiant, hypervigilant. Que font mes parents? Sont-ils encore dans la maison? Devrais-je aller vérifier? les appeler?
Lorsque tu quittes la chambre de ton tout-petit, assure-toi qu’il puisse encore t’entendre à l’aide de bruits familiers. Ainsi, il réussit à t’imaginer tout près de sa chambre et ce même s’il ne te voit pas. Fiou… J’entends maman qui fait couler son bain et papa qui parle au téléphone, tout va bien.
Activer ses ressources intérieures
Un peu plus tôt dans l’article, nous avons dit qu’il fallait éviter d’inventer des pièges à monstres pour éviter de semer le doute dans l’esprit de l’enfant. En ce sens, même si le truc du piège pourrait bien fonctionner quelques jours, c’est comme mettre un pansement sur un bobo. Ça fait sur le coup, mais il faut un jour ou l’autre revenir soigner le bobo!
Lorsque l’enfant vit des peurs, il est bon de l’aider à découvrir comment il peut puiser en lui pour s’apaiser. Ce n’est pas facile! Ce sera à vous, ses parents, d’être créatif et de répéter souvent vos bons conseils. Par exemple, quand tu as peur, tu peux t’imaginer à un endroit merveilleux. Te rappelles-tu nos vacances à la plage? Les châteaux de sable, les vagues et les coquillages…
Offrir un objet symbolique
Dans le même sens, pour activer les ressources intérieures de l’enfant, on pourrait lui offrir un objet symbolique et broder une petite histoire autour de cela. Par exemple, papa donne à fiston sa médaille de karaté de quand il était petit. Il raconte ensuite à fiston qu’avant, les compétitions de karaté lui faisaient peur, mais qu’il a appris à trouver son courage pour y aller et qu’il a même gagné.
Favoriser un rituel calme
Offre une présence chaleureuse et rassurante avant l’heure du dodo. Ton trésor a besoin de sa dose d’amour!
De plus, répète toujours la même routine avec des étapes calmes comme un bain, une histoire, une chanson et un câlin.
En rendant le déroulement du coucher prévisible, soir après soir, l’enfant construit ses points de repères et devient plus confiant.
Éviter les écrans
Loin de moi l’idée de diaboliser les écrans, mais choisissons-bien notre moment! Les écrans avant le dodo peuvent nuire à l’endormissement et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, le contenu peut être stimulant avec trop de bruits, de couleurs et d’images. Ensuite, certains contenus génèrent des inquiétudes chez l’enfant et favorisent les cauchemars.
On pourrait aussi parler de la lumière bleue des écrans qui bloquent la mélatonine, une hormone essentielle pour s’endormir.
En bref, rappelons-nous simplement qu’avant le coucher, une activité calme et un moment aimant en famille est l’idéal pour accompagner l’enfant vers le dodo.
Jessica Rousseau, Éducatrice spécialisée et Coach parental