

23 Oct Partie 2: Comment intervenir avec la crise-de-bacon?
Ah! Pas facile de garder notre calme! Clairement, plus on s’énerve, plus il s’énerve aussi!
Alors, quelles interventions privilégier pour gérer la crise-de-bacon et encore mieux, en prévenir quelques-unes?
Je suis Jessica Rousseau, MamanÉducatrucs, Technicienne en éducation spécialisée et je te donne quelques pistes pour ton coffre à outils de Super-Parent.
Dans l’article précédent http://mamaneducatrucs.ca/partie-1-pourquoi-fait-t-il-une-crise-de-bacon/, nous avons identifié des raisons courantes qui nous permettent de mieux comprendre l’émotion qui se cache derrière la crise explosive de son bacon.
Nous avons aussi réitéré le fait que lorsque les enfants vivent une émotion forte, leur cerveau se déconnecte et c’est tout leur corps qui s’exprime. C’est de là que provient le style du bacon qui sautille dans la poêle!
Les émotions explosent et ça doit sortir! Oublions donc un bref instant nos explications rationnelles. Notre enfant est débranché. Il a perdu la boule! Il faudra le reconnecter pour accéder à son côté plus rationnel.
Comment intervenir avec les crises-de-bacon?
Premièrement, il n’y a jamais de recettes magiques. Mais, plus vous améliorerez votre savoir-faire, plus tout le monde y gagnera en apprentissage!
On va se dire la vérité, votre enfant continuera de faire des crises même si vous mettez en pratique des interventions extraordinaires. Après tout, c’est un enfant! Et puis, même les adultes ont parfois du mal à se gérer! Alors…
Par contre, dites-vous que vos efforts seront payants.
En développant de meilleures interventions, la crise perdra de l’intensité plus rapidement et vous apprendrez également à les prévenir.
Gardons notre calme!
Je le sais, ça vient nous chercher, mais plus vous vous énervez, plus il s’énervera. C’est l’effet miroir!
De plus, si on est trop rigide ou trop fermé, on favorise l’état de crise. Il faut garder un lien et de l’ouverture (dosée!) qui vous gardera en contact avec lui pour obtenir sa collaboration. Donc, imaginez-vous être son prof, son éducateur ou un tiers en étant plus neutre.
Laissez-le se libérer un brin!
Parfois, faut que ça sorte! Si vous êtes à la maison, laissez-le faire sa crise un peu ou dirigez-le dans un endroit calme et sécuritaire pour le laisser décanter. Si vous êtes ailleurs, optez pour vous mettre un peu à l’écart. Dans tous les cas, aidez-le progressivement à faire descendre l’intensité des émotions en lui offrant une présence calme.
S’il le veut, prenez-le dans vos bras (contenir un enfant dans nos bras de manière bienveillante peut vraiment l’aider à s’apaiser, car il sera sécurisé plutôt que de ressentir qu’il est dans un tourbillon incontrôlable et explosif).
S’il refuse le contact, restez près de lui ou posez une main douce sur lui.
Par pitié, sur le coup, évitez de trop parler! Soyez juste calme, doux et patient.
Trouvez ce qui se passe.
Ça l’air évident, mais pas toujours!
Par exemple, on peut penser qu’il est déçu de ne pas faire l’activité spéciale avec ses sœurs et sa mamie, tout simplement. Mais, en creusant, on peut découvrir qu’il se sent triste, car il est toujours mis de côté. Lui, on ne l’amène jamais tout seul avec mamie…Il est toujours trop petit…Il se sent moins aimé…La situation est injuste…
Ainsi, ne vous arrêtez pas à l’évidence même, mais tentez de mieux le comprendre.
Quand l’intensité de la crise diminue, essayez de comprendre vraiment ce qui se passe.
Nommez-lui différentes hypothèses pour l’aider à identifier ses émotions. Si vous ne le savez pas vous-même, cherchez avec lui ce qui a déclenché son bouleversement.
Qu’est-ce qui se passe? Es-tu inquiet? As-tu peur? Mal?
Nommez les émotions.
« Tu as de la peine…Tu as peur…Tu es en colère… ».
Placez-vous à sa hauteur et montrez-vous empathique.
Clarifiez les règles.
Par exemple, s’il vous a lancé des objets lors de sa crise, dites-lui qu’il a le droit de ressentir de la colère, mais qu’on n’accepte pas qu’il brise. Ensuite, offrez-lui des alternatives à sa portée. Par exemple, plutôt que de briser, tu pourrais chiffonner du papier ou crier un bon coup dans ton oreiller. Après, ayez une discussion un peu plus élaborée.
Soyez conséquent.
Par exemple : « Puisque tu as lancé tout cela, tu vas devoir ramasser. Je peux t’aider. »
Recherchez des solutions
Trouvez avec lui des moyens qui pourront l’aider à régler son problème ou du moins à mieux le tolérer.
Par exemple : « Tu as de la peine, car toi aussi tu voudrais faire une activité spéciale avec mamie…Et si on en parlait avec mamie? Peut-être qu’on pourrait trouver une idée d’activité que tu pourrais faire toi aussi, même si tu es plus petit? Veux-tu qu’on l’appelle, tantôt? »
Bouclez la boucle.
Faites-vous un câlin. Faites-la paix. C’est important de ne pas garder de rancunes ou de lui faire porter un sentiment de culpabilité. Il apprend.
Comment mieux prévenir les crises dans notre quotidien?
Comment peut-on être un parent plus à l’écoute pour non pas seulement intervenir, mais prévenir la crise. Oui, c’est tout à fait possible d’éviter plusieurs crises. Pas en achetant la paix, mais en se montrant plus attentif.
Voici un exemple typique qui générera une crise :
Vous allez au magasin avec votre enfant pour lui faire choisir le cadeau de fête de son ami.
« Moi aussi, j’en veux un! »
« Non, ce n’est pas ta fête. »
« Mais, j’en ai pas moi! C’est pas juste! »
« Non, j’ai dit non. »
« T’es pas fine! Tu dis toujours non. »
« Là, tu arrêtes pis tu ne me parles pas comme ça! À part de ça, commence pas ta petite crise, sinon tu ne viendras plus au magasin avec moi. »
Et si on optait plutôt pour ceci :
« Moi aussi, j’en veux un. »
« Humm. Je comprends que tu l’aimes. C’est vrai que c’est un très bon choix que tu as fait. Cette fois-ci, c’est un cadeau pour ton ami, mais si tu veux, on pourrait écrire cette idée sur ta liste de souhaits. Quand ce sera ton anniversaire ou quand tu gagneras un privilège, tu pourras m’en reparler. »
« Ohhh. Mais, moi j’en ai pas souvent des cadeaux. »
« Écoute mon coco. Je comprends que c’est amusant d’acheter de nouveaux jouets. Aujourd’hui, ce n’est pas ton tour, mais une prochaine fois, ce sera ton tour. »
« C’est plate… »
« Je comprends. Maintenant, on va payer ce cadeau de fête, puis, si tu veux, tu pourras l’emballer avec moi et faire un bricolage pour sa carte! On va coller des rubans et mettre du beau papier! T’es partant? »
Certes, se montrer plus à l’écoute en nommant les émotions de l’enfant et en se montrant empathique favorisera un échange, des explications plutôt qu’une escalade qui conduira à une crise.
Attention! Perte de contrôle ou prise de pouvoir?
Attention, apprenez à distinguer la crise de perte de contrôle (mon enfant est épuisé, il est bouleversé, etc.) à la crise de prise de pouvoir ( mon enfant agit ainsi car il veut obtenir quelque chose, il recherche mon attention ou veut prendre pouvoir sur moi, etc.).
Ainsi, la crise de l’enfant épuisé ou bouleversé nous amène à être plus connecté sur l’émotion vécue alors que la crise de pouvoir nous amène à devoir davantage l’encadré en lui donnant des choix fermes et responsabilisants.
Un enfant qui fait une crise pour obtenir quelque chose ne doit pas comprendre que tout lui est permis et qu’on abdiquera à sa demande ainsi. Donc méfiez-vous.
Mon mot de la fin!
La crise-de-bacon est un comportement typique durant la petite enfance. Certains enfants seront plus intenses que d’autres. Ça dépendra d’une tonne de facteurs dont le tempérament.
Le facteur sur lequel vous avez du pouvoir est votre façon de vous montrer à l’écoute au jour le jour et votre manière d’intervenir quand la crise éclate.
N’hésitez pas à demander des trucs ou des conseils aux experts de votre entourage ( éducatrice, enseignant, médecin, etc.). Ces personnes côtoient énormément d’enfants et ont les compétences pour vous guider!
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