

08 Jan Intervenir avec les enfants des autres. Oui ou non?
L’enfant du parc dépasse tout le temps. Le petit voisin utilise un langage vulgaire. Le neveu bouscule sans cesse.
Certainement, c’est souvent un dilemme. Est-ce que je peux intervenir auprès d’un autre enfant? Dois-je attendre que les parents s’en occupent? Devrais-je me mêler de « mes affaires »?
Ça dépend! Bien souvent, on s’en tire avec du BON GROS BON SENS.
Mes quelques pistes de maman éducatrice spécialisée…
Avant de réagir trop vite, on laisse la chance aux parents d’intervenir les premiers.
Un accident, un conflit ou un écart de conduite est si vite arrivé. Ce n’est pas pour autant toujours un manque de surveillance de la part des parents ou encore une intention de leur part de fermer les yeux.
Souvent, on le sait, on gère plus d’une chose à la fois et ça se peut très bien qu’on ne remarque pas tout de suite le comportement dérangeant de notre enfant.
Mais, bien plus souvent qu’autrement, dans la minute qui suivra, dès qu’on s’en apercevra ou que la situation nous sera rapportée, on s’en occupera.
Alors, à moins d’une urgence, laissons aux parents le temps d’agir eux-mêmes et après, on verra.
Faites preuve de tolérance.
Il remplit la glissade de cailloux…Ils empêchent les petits de glisser…Il dépasse tout le temps dans la file d’attente…Il fait une grimace…
Il y a plusieurs contextes sans danger, quoique dérangeant où il est bon de faire preuve de tolérance avant de réagir à tout et tout de suite.
Souvent, il y a bien des comportements que nos propres enfants ont eux aussi déjà adoptés ou adoptent encore, à ce jour. Il est bon de faire preuve de compréhension avant de réagir systématiquement au moindre écart de la part des autres enfants.
Mais, faire preuve de tolérance ne veut pas dire de tout accepter sans ne jamais rien dire.
Ça veut dire, laisse-toi du lousse un peu.
On peut ignorer quelque peu un comportement dérangeant qui ne met pas à risque qui que ce soit.
Parfois, plutôt que d’intervenir sur les autres, on peut simplement rediriger les nôtres ou encore mieux, encouragez nos enfants à régler eux-mêmes ce qui les dérange.
L’autonomie, quand c’est possible.
Lorsqu’il s’agit de petits conflits, on peut se permettre de se donner une marge de manœuvre avant d’intervenir. On observera plus ou moins à distance, prêt à s’en mêler, au besoin. Le plus souvent possible, on favorise que notre enfant trouve ses propres solutions afin de régler un problème. Sinon, encouragez-le à s’affirmer tout en l’accompagnant pour le mettre en confiance.
« Dis-lui que tu n’aimes pas ça. Demande-lui d’arrêter. Dis-lui d’attendre son tour. Si ça ne fonctionne pas gentiment, tu peux prendre une plus grosse voix. »
Même s’il s’agit de situations plus banals, si aucun parent ne finit par intervenir avec son enfant, on peut se permettre de réagir avec bienveillance.
« Chacun son tour. Tu vois, il y des amis qui attendent. »
« Attention mon grand, il y a des bébés. Ne pousse pas. Ici, c’est un jeu pour les petits.»
« Oups…doucement…tu fais mal aux amis. »
« Que se passe-t-il? As-tu besoin d’aide? »
Cependant, quand il s’agit de sécurité, on interviendra tout de suite. Sans sortir la brique et le fanal, on peut rapidement agir à titre d’adulte responsable auprès d’un enfant qui n’est pas le nôtre.
Intervenir ne veut pas dire de se choquer, de crier ou d’agripper un enfant. Ça, jamais.
Intervenir, c’est parfois, seulement de s’approcher de la situation et par notre seule présence d’autorité, l’enfant en question se ravisera. Parfois, intervenir, c’est seulement de prévenir à haute voix nos enfants d’être prudent afin que l’enfant en question et ses parents « allument ». Intervenir, c’est parfois, seulement placer les nôtres à l’écart et de laisser aux concernés l’occasion de réagir au comportement de leur enfant.
S’il le faut, on parle directement aux parents.
Ramasse ton tact et informe les parents qu’une intervention serait nécessaire en nommant des FAITS plus que des jugements. Si tu as peur de les offusquer, demande-toi si tu peux rapporter des faits sans les attaquer et en gardant ton sang-froid.
C’est tout bon de dire… « Pardonnez-moi de vous interrompre, est-ce possible que ce soit votre enfant? Je pense qu’il aurait besoin d’un adulte, car il vient tout juste de mordre. »
Mais, n’oublie pas que tu n’es pas juste un parent, t’es aussi un adulte.
Personnellement, j’ai pour mon dire que si le comportement d’un autre enfant est dangereux, particulièrement méchant ou grave, notre responsabilité d’adulte prime sur l’intention de se mêler de « nos affaires ». Parce que tes enfants, ce sont tes affaires. Et, parfois, les enfants des autres, ce sont aussi tes affaires, selon le contexte.
Sans aucun doute, on protégera nos enfants quoi qu’il en soit. On ne ferme pas non plus les yeux sur la sécurité des autres enfants en prétextant que ce ne sont pas les nôtres. Je ne suis pas juste un parent. Je suis aussi un adulte et je me permettrai d’intervenir, S’IL LE FAUT.
Ceci étant dit, le premier responsable, c’est le parent lui-même.
C’est à chaque parent d’assurer la surveillance et la sécurité de son enfant.
Personnellement, si un parent intervient poliment et avec raison auprès de mon enfant, je risque d’abonder dans le même sens que lui et de réitérer la consigne auprès de mon enfant. Cependant, si un parent agit maladroitement ou trop durement, je risque d’avoir le réflexe de protéger mon enfant plus que de soutenir l’intervention. C’est évident. C’est instinctif.
Naturellement, ça veut dire que si tu agis avec un autre enfant que le tien, tu adapteras ton intervention comme celle d’un bon éducateur. Tu l’avertiras avec tact et tu l’orienteras sur le bon comportement à adopter en te basant sur les règles qu’impliquent l’activité en cours. On évitera de le réprimander ou d’adopter un ton trop autoritaire.
Si les parents sont insultés.
Ça se peut. Mais, si on agit avec des motifs raisonnables et convenablement, ça ne devrait pas poser de problème.
Dans la plupart des environnements fréquentés par les familles, il y a un climat de fraternité. Les parents se parlent entres eux et s’entraident.
Sinon, ben just too bad! Si t’as eu une bonne approche et que c’était justifié, continue ton bon travail et ne t’en fais pas trop avec ça!
Quand ce sont des proches.
Quand il s’agit du petit cousin ou du petit voisin, on peut également, avec tact, glisser un mot au parent de la situation ou de notre inquiétude. Bien souvent, en communiquant poliment nos craintes, le parent répondra spontanément qu’il s’en occupera et qu’il portera attention au comportement de son enfant.
La plupart du temps, le parent a de bonnes intentions, mais n’a juste pas eu connaissance de ce qui s’était passée. Il sera même souvent reconnaissant d’être informé afin de faire un suivi avec son enfant.
Aussi, il faut tenir compte que chacun a son propre seuil de tolérance et ses propres règles. Si moi, je refuse que mes enfants jouent seul devant la maison ou dans la rue, ça se peut que mon voisin n’y voit aucun problème. C’est donc à moi d’informer mes enfants que s’ils vont jouer chez cet ami, ils doivent demeurer dans la cour ou dans la maison. Je pourrais aussi aviser le parent de mon souhait, mais s’il n’est pas en mesure de le respecter, ce sera à moi de prendre ma décision.
En ce sens, on peut parler de nos attentes quand notre enfant se trouve temporairement sous la garde d’un tiers et vice-versa.
Ceci étant dit, quand l’enfant est dans votre maison, vous avez le droit de rappeler gentiment les règles applicables chez vous.
« Ici, sur le divan, on s’assoit. Si tu veux sauter, tu peux aller jouer dans la salle de jeux. »
Vaut parfois mieux offrir de l’aide que de chercher à « casser » l’attitude.
Je travaillais avec un jeune de 11 ans au prise avec le syndrome de la Tourette. Le langage vulgaire et les sacres sont typiques. Jour après jour, la mère vivait avec le jugement des autres. À l’épicerie ou ailleurs, le regard des étrangers étaient insupportables. Quand son fils lui lançait des insultes en sacrant et qu’elle lui répondait dans le calme et la douceur…Ben, j’comprends que ça avait l’air un peu fou de l’extérieur, mais la maman ne devrait pas avoir besoin de se défendre en disant à qui mieux mieux que son enfant a le syndrome de la Tourette. Parce que cette maman n’était ni molle, ni autruche, mais d’un calme admirable à gérer cet enfant spécial.
Pis y’a des fois où je m’en fou de tout ça pis j’fais ce que j’estime être le mieux.
Personnellement, je pense qu’on devrait tous apprendre à se mêler un peu plus des affaires des autres CORRECTEMENT et bien des situations compromettantes seraient évitables.
Fermer les yeux et garder le silence, même pour des situations pas trop graves, ça aide rarement. Il vaut mieux parler que regarder un accident prévisible se produire.
D’autres fois, même s’il n’y a aucun conflit qui implique notre enfant, on craint tout simplement pour la sécurité d’un autre enfant qui adopte un comportement dangereux et vous jonglez entre l’idée de le protéger ou d’attendre simplement qu’un parent finisse par s’en rendre compte.
« Une fois, au parc, un tout-petit de 2 ans grimpait sur un obstacle beaucoup trop difficile pour lui. Il n’avait ni la motricité ni la longueur de bras et de jambes suffisantes pour le traverser. La hauteur de sa chute serait dangereuse. La mère était assise au loin et ne s’approchait ni pour l’assister ni pour le débarquer. J’étais stressée et j’hésitais à intervenir. Je suis restée proche de l’enfant, prêt à le rattraper…et je l’ai finalement rattrapé dans mes bras, car il est évidemment tombé. La mère a finis par venir et je me suis permise de commenter poliment à la mère que c’était un obstacle encore trop difficile pour son âge. »
« Un soir, au parc, une petite fille d’environ 7 ans était seule. Sans accompagnateur. Elle ne se méfiait de personne et n’importe qui aurait pu partir avec elle. Quand le moment est venu pour moi de partir, je ne savais pas quoi faire. J’étais inquiète pour cette enfant. Devais-je la raccompagner, attendre que quelqu’un vienne la chercher ou la laisser là. On l’a encouragé à rentrer et on l’a suivi un peu derrière pour s’assurer qu’elle était en sécurité. »
« Des jeunes d’environ 10 ans, au parc, sans accompagnateur, grimpaient sur des clôtures très hautes bloquant un accès à une cabane électrique. Ils grimpaient et voulaient l’enjamber pour faire un saut dans les airs et atterrir sur la cabane. Le sol était à plus de 10pi. C’était clairement très dangereux. Devais-je les regarder sans ne rien dire, les regarder se casser le cou ou les avertir? Ben, j’ai lâché un « wack » comme quoi il était interdit de grimper. Sont descendus.»
Au bout du compte!
Utiliser son BON GROS BON SENS est bien souvent la meilleure option.
On tient compte de l’enfant lui-même, les nôtres, le comportement, le contexte, l’environnement et nos liens par rapport aux personnes concernées.
Finalement, ne vous posez pas toujours trop de questions! Agissez comme un bon adulte et il n’y aura pas de mal à cela!