

23 Avr Comment annoncer la séparation aux enfants?
Le cheminement menant à une séparation est souvent très émotif. Si un grand nombre de points sera à discuter avec votre partenaire, l’une de vos grandes préoccupations est probablement, mais comment allez-vous l’annoncer aux enfants.
Je suis Jessica Rousseau, MamanÉducatrucs, Technicienne en éducation spécialisée et je te donne quelques pistes pour ton coffre à outils de Super-Parent.
Nous serons toujours là pour toi.
Parmi tout ce que vous pourrez dire, le plus important est de rassurer les enfants sur le fait que vous serez toujours là pour eux et que vous les aimerez toujours.
Si des amoureux peuvent se séparer, les parents eux, ne se séparent pas de leurs enfants. C’est un lien pour la vie.
Dans le film « Famille immédiate » ou « Instant Family », un couple adoptant 3 enfants participe à un exercice à l’aide de ficelles. Les ficelles sont reliées à chaque membre et représentent les liens. Dans le cas de l’adoption, la ficelle entre les parents biologiques et les enfants est coupée.
Dans le cas d’une séparation, en transformant cet exercice positivement, l’image des ficelles est une façon plutôt intéressante pour montrer aux enfants que même si la ficelle qui unie le couple se coupe, les ficelles entre les parents et la fratrie ne se brisent pas.
Accueillir les émotions.
Selon l’âge et le contexte, certains enfants peuvent voir venir la séparation, mais dans la plupart des cas, l’annonce est surprenante. Il faudra accueillir leurs émotions et répondre à leurs questions. Sur le coup, certains enfants auront des émotions plus fortes, d’autres moins, d’autres encore en auront à retardement. Ce n’est pas toujours concret pour eux et il se peut que ce soit au fil des jours ou en vivant chaque étape que l’idée fasse son chemin.
Dans tous les cas, il faut leur donner la chance de s’exprimer et de poser leurs questions.
Tout n’est pas bon à dire!
Un jour, vous jugerez peut-être bon de leur raconter ce qui a mené à la séparation, mais dévoiler les détails n’est pas une bonne idée. En révélant des détails ( la liaison de l’un ou le nouvel amour de l’autre…), les enfants ressentiront la pression de devoir poser un jugement. Qui est le « coupable »? Qui est la « victime »? Ces confidences précoces créeraient de nouveaux conflits et pourraient favoriser que les enfants prennent un parti.
L’annoncer « en couple ».
Idéalement, il vaut mieux que les parents fassent front commun, au moment de l’annonce. C’est une façon de leur montrer que votre décision est commune (même si l’un des deux est en désaccord), de véhiculer le même message et de leur montrer qu’à deux, vous serez toujours leurs parents. Ce lien parental vous unira toujours, malgré la séparation.
Après l’annonce, il peut être bon de reprendre un moment d’intimité avec chaque enfant afin de prendre le pouls de leurs émotions respectives, leur compréhension des évènements et de répondre aux questions qu’ils n’auraient pas posées, etc.
Montrez vos propres émotions.
Quoi de plus normal! Vous aussi, vous avez de la peine. Si certains parents croient qu’ils ne doivent rien laisser paraître afin de protéger leurs enfants, il est très sain de leur montrer une petite dose de votre vulnérabilité. Après tout, il est normal d’avoir de la peine lorsqu’on perd quelque chose qu’on a beaucoup aimé (partenaire, famille, rêve, etc.).
Alors, oui, il est tout bon de dire à vos enfants que vous êtes triste, vous aussi. Ainsi, vous leur témoignez que ce qui se passe est important pour vous et que tout le monde a le droit d’avoir des émotions. Également, vous permettrez à vos enfants de s’identifier à vous et de rendre leurs émotions légitimes.
MISE EN GARDE
Cependant, il faut tempérer votre désir de transparence. Ici, on parle de montrer votre vulnérabilité à petite dose.
Si vos enfants vous voient anéantis, anxieux et désespérés, non seulement ils en seront très bouleversés, mais, en plus, ils désireront peut-être vous protéger. Ce n’est pas souhaitable.
En voulant éviter de vous en mettre plus sur les épaules, les enfants pourraient développer plusieurs comportements dommageables pour eux, surtout si la situation perdure. Selon leur âge et l’ensemble du contexte, on pourrait observer des signes d’anxiété, des troubles de sommeil, des problèmes de comportements, etc.
Lorsque la situation des rôles inversés perdurent, les enfants impliqués pourraient :
- Refouler leurs propres émotions pour vous;
- Ignorer leurs propres besoins;
- Cacher des évènements qui pourraient inquiéter le parent;
- Se mettre en danger pour éviter de demander de l’aide;
- Mentir pour protéger le parent;
- Chercher à surperformer pour être une source de fierté;
- Refuser de développer d’autres relation d’attachement;
- etc.
Il est primordial de ne pas inverser les rôles. Le parent reste le parent et l’enfant reste l’enfant.
Ainsi, s’il est bon de leur montrer qu’il est normal d’avoir de la peine, vous devez rester celui qui réconforte et non celui qui est réconforté.
Tu ne vas pas le « scrapper » pour toujours.
Rassurez-vous! Oui, il y a des séparations difficiles, mais il s’agit surtout de cas dont la séparation est le déclencheur d’une suite d’évènements très difficiles (pauvreté, problèmes de santé mentale, pratiques éducatives négatives, aliénation parentale, etc.), mais ces situations ne représentent pas la majorité des cas!
Si la plupart des enfants vivront une période de stress plus grande, ce sera passager. Avec un bon soutien pour traverser chaque étape et chaque changement, l’enfant soutenu s’adaptera et ne gardera pas plus de « séquelles » de la séparation qu’un autre enfant.
La formule de la garde.
Il y a bien des façons de planifier la garde des enfants. C’est à chacun d’y voir pour trouver la meilleure solution et ce, en pensant au bien-être de tous.
Faire preuve de souplesse est une bonne chose afin de faciliter la transition pour tous.
Certains couples choisiront même, pour les débuts, de laisser les enfants dans le nid familial et que ce soit plutôt les parents qui déménagent d’une garde à l’autre. Si cette option est intéressante à l’origine, elle peut devenir difficile pour les parents souhaitant « couper le cordon » pour se refaire une vie bien à eux.
Certaines familles préféreront de courts séjours et d’autres plus longs. Parfois, les écarts entre les règles et la routine de chaque parent rend la réadaptation d’une maison à l’autre plus difficile. En ce sens, s’harmoniser sur la routine et les principales règles est une excellente pratique. Ce sont des points de discussion très pertinents à avoir avec le partenaire (les principes d’éducation, les règles, les méthodes de discipline, la routine, etc.).
MISE EN GARDE
Ne demandez pas à l’enfant de choisir un parent. C’est extrêmement déchirant pour un enfant de choisir un parent avec qui vivre et un autre à délaisser et ce, en plus de créer un conflit dont l’enfant se sentira à l’origine des tensions. N’oublions pas non plus la fratrie. Ils doivent rester ensemble.
Un proche me raconte qu’il se rappelle très bien le jour où ses parents, au pied de la porte, lui ont demandé de choisir de vivre avec maman ou papa. Déchiré, il ne savait pas quoi faire. Il m’a dit : « J’ai suivi mon frère. » La vie de son parent « pas choisi » a basculé du tout au tout. Aujourd’hui, cet adulte « enfant du divorce » ne peut que se demander si les conséquences vécues de son parent « pas choisi » sont le résultat de son choix d’enfant. C’est un peu lourd comme responsabilité, non?
Les changements!
L’école, le quartier, la garderie, les voisins, les amis, le domicile, etc.
Des changements, il y en aura. Un pas à la fois. Chaque changement peut être une source potentielle de stress donc on évite d’apporter trop de changements à la fois.
Ce n’est peut-être pas le temps de pousser pour que le petit dernier devienne propre, de sevrer le bébé de son pouce ou que le plus grand dorme seul au sous-sol alors qu’il en a toujours eu peur.
Dans un monde idéal, quand c’est possible et que les relations demeurent respectueuses, on privilégie de vivre dans le même quartier et de conserver des repères sécurisants. De plus, le fait de vivre à proximité vous permettra de mieux vous entraider, de faciliter les voyagements et de mieux répondre aux besoins de l’enfant.
Les engagements de garde de chacun.
S’il est plus que souhaitable que les parents s’entraident, on n’utilise pas la situation pour se défiler d’un conflit ou pour menacer l’enfant de retourner chez son père, chez sa mère si ceci ou si cela…
Par contre, si vous êtes à bout, comme tout parent, avant d’employer des paroles ou des gestes regrettables, il vaut mieux demander de l’aide. L’autre parent devrait être une ressource de confiance.
« Je m’ennuie! »
Il est avec maman et dit s’ennuyer de papa. C’est normal. Donnez-lui le droit de lui parler, de faire un appel vidéo, de planifier une courte ballade en vélo ou d’aller prendre le dessert. En restant proche les uns des autres, on peut permettre à l’enfant de mieux vivre ses relations, malgré la séparation.
La suite des choses.
On pourra aussi prévoir l’arrivée d’un nouveau partenaire, la vie de famille recomposée et de bien d’autres sujets qu’impliquera la séparation et la reconstruction. Oui, la vie continue!
Se parler, se préparer, l’annoncer et un pas à la fois.
S’il n’y a pas de secrets pour « réussir sa séparation » et que d’une famille à l’autre, les contextes sont bien différents, savoir mettre au clair les points importants avant de l’annoncer aux enfants facilitera les explications, les transitions et la suite des choses. Ainsi, essayez de vous préparer avant de tout vouloir chambarder. Mais, on le sait, même en se préparant, on ne peut pas tout prévoir. Les émotions ne s’organisent pas! Soyez donc le plus à l’écoute possible. Gardez le contact avec vos enfants et avec vous-même! Bâtissez-vous un réseau. Ça fait une différence.
Gardez espoir.
Si la séparation est souvent une étape remplis de deuils, c’est également l’occasion de « renaître ». La plupart des enfants s’adapteront très bien et vivre avec des parents heureux, ça rend heureux.