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Les gros mots : comment intervenir avec mon enfant?

​La plupart des enfants vont finir par utiliser des gros mots. Sans ignorer ce comportement, soyez rassuré qu’il s’agit probablement d’un comportement passager. Bien sûr, à chaque âge, la nature des gros mots changent. À trois ans, il pourra utiliser “gros caca” sans que ça vous affecte trop, mais en grandissant, son répertoire d’insultes va évoluer…En ce sens, il vaut mieux intervenir en fonction de l’intention de l’enfant plutôt que selon la gravité des mots utilisés. Votre réaction devient très importante.

Je suis Jessica Rousseau, Éducatrice spécialisée et Coach parental. J’accompagne les parents qui veulent régler des problèmes de comportements et de sommeil avec leurs enfants.

Dans cet article, voici 6 conseils pour intervenir avec les gros mots.

 

Pourquoi un enfant dit-il des gros mots?

L’enfant apprend par imitation. Pensez à tout ce qu’il fait depuis qu’il est bébé pour vous imiter!

Combien de fois avez-vous répété maman, lait, ballon en articulant exagérément devant lui pour qu’il finisse par le dire? Instinctivement, vous savez déjà qu’il apprend en imitant.

La plupart du temps, votre enfant répète des mots qu’il a entendu à la maison, à la garderie, à l’école, avec ses amis, ses grands frères ou les petits voisins.

Bien souvent, le sens des gros mots qu’il utilise lui échappe et quand il les dit, il n’en mesure pas tout l’impact. Cependant, il observe la réaction de son entourage. Il pourrait donc continuer de dire un gros mot simplement parce qu’au moment de le dire, la réaction de l’entourage lui paraît intéressante. 

Quelques exemples de situations:

  • L’oncle de Yoan se met à rire quand celui-ci dit “gros péteux” à la table. L’enfant recommence aussi vite à répéter “gros péteux” question de déclencher les rires de son oncle.
  • Les enfants qui jouent non loin de Justin se mettent soudainement à le regarder lorsqu’il répète très fort “pénis”.  Justin qui se sentait seul jusqu’à présent continue de répéter “pénis” pour attirer le regard des amis. 
  • Laurie a entendu son grand frère dire “fais chier” quand il était en colère. Un peu plus tard, en colère contre sa mère, Laurie lui répond “fais chier”
  • La maman de Jade échappe un “maudit” lorsque son pot de farine tombe par terre.  Le lendemain, Jade échappe son pot de crayons et dit “maudit” en voyant les crayons éparpillés par terre. 

Portons donc attention à notre langage, mais aussi à celui des amis et de son entourage. Il y a parfois un peu de ménage à faire dans les fréquentations!

 

Répondre à son besoin

Rappelons-nous qu’il y a toujours un besoin qui se cache derrière un comportement. Ainsi, vous pourriez vous demander ce que l’enfant cherche à gagner ou à éviter en agissant ainsi.

Par exemple, est-ce que votre jeune se met à dire des gros mots pour impressionner ses amis? Comment pourriez-vous l’aider à se faire des amis? Qu’est-ce qui l’empêche de bien s’intégrer? En agissant sur la cause, vous avez plus de chances de régler le problème pour de bon.

Dans le même ordre d’idées, si l’enfant veut se donner en spectacle lors d’un souper de famille, demandez-vous pourquoi? Est-ce que tous les adultes parlent ensemble et il s’ennuie? Il ne comprend pas tout à fait la conversation des grands et ça le rend nerveux? Comment pourriez-vous lui offrir un tour de parole? Pourriez-vous lui demander de vous raconter son dernier match de soccer? 

 

Clarifier les règles: éduquer avant de gronder

En effet, dire caca, pet, cochon, pénis, patate n’est pas un problème en soi. Ce sont bel et bien des mots qu’on a le droit d’utiliser. Tout dépend du contexte et de l’intention. 

Par exemple, dire qu’il a envie de caca est tout à fait acceptable. Par contre, répéter caca 10 fois à la table pour faire rigoler les invités, non.

Dire qu’il a hâte de manger des patates, oui, mais traiter son ami de grosse patate pourrie, non. C’est donc complexe pour le jeune enfant. Il y a bel et bien un code social à apprendre. Ainsi, c’est vraiment en l’éduquant que vous y arriverez, à la longue!

De plus, plus l’enfant est petit, plus la gestion des émotions est un défi de tous les jours. Il devient donc important d’accompagner l’enfant dans ses apprentissages avant même de songer à appliquer des conséquences.

Pour ce faire, vous pourriez donc le reprendre en lui partageant votre hypothèse et en mettant une limite.

Par exemple: « Est-ce possible que tu sois déçu de ne pas pouvoir écouter la télévision? Ok, je comprends. Dire gros caca quand tu es déçu, c’est interdit. À la place, dis-moi, je suis déçu de ne pas avoir droit à la télé ou Oh, je trouve ça plate, je voulais de la télévision… » 

En formulant des phrases comme celle-ci, vous inspirez votre enfant pour les prochaines fois. Après lui avoir fournir un modèle comme celui-là, vous pourriez valider sa compréhension en disant, par exemple, « Dac? Tu comprends mon coeur? Est-ce qu’on dit gros caca ou je suis déçu? ».

Enfin, faites un mini jeu de rôle en reprenant la situation avec humour et laissez-le mettre en pratique son apprentissage. 

 

Clarifier les règles: responsabiliser l’enfant 

Quoi qu’il demeure toujours important de travailler la gestion des émotions, quand l’enfant devient plus mature, il acquiert la capacité d’utiliser son filtre, sa censure.

Il faut donc que l’enfant apprenne à vivre des conséquences logiques lorsqu’il prend de mauvaises décisions. Par exemple, si votre enfant de 8 ans vous traite de mère super chiante parce que vous lui avez refusé la télévision…Il devrait s’en suivre un Stop immédiat de votre part et une conséquence logique. 

Bien sûr, pour appliquer des conséquences, il faut d’abord que les règles soient connues des enfants. 

 

6 conseils pour tous pour se débarrasser des gros mots

 

1.Donnez l’exemple

Surveillez vos mots et s’il vous arrive de vous échapper devant lui, excusez-vous en disant que vous avez fait une erreur. Reformulez autrement en disant “ J’aurais dû dire…”

 

2.Contrôlez votre réaction

Ne riez pas ou ne perdez pas votre sang froid. Votre réaction donne de l’importance à ce qu’il dit. Bien sûr, vous avez le droit d’être ferme et d’annoncer une limite claire, mais ne lui retournez pas ses insultes. Si une personne autour de vous réagit inadéquatement, demandez-lui de cesser.

 

3.Intervenez (ne pas ignorer!)

Il ne faut pas faire la sourde oreille! En ignorant totalement ce que dit l’enfant, on envoie le message que ce type de langage est permis. Vous devez donc éviter de sur-réagir, mais vous devez éduquer votre enfant sur la manière de communiquer ainsi que les limites à ne pas franchir. Il faut donc intervenir 🙂

Avec un tout-petit de 2-3 ans, agissez d’abord comme un bon entraîneur.

Par exemple: “Oh, tu es triste de ne pas jouer avec les autres? Je comprends, je vais t’aider. Par contre, interdit de me dire face de pet. Demande-moi de l’aide, ok? Alors, as-tu le droit de dire face de pet? Que peux-tu me demander? C’est bien. Viens, je t’aide.”

Avec un plus grand, continuez à tenir compte de ses émotions, mais responsabilisez-le. 

Par exemple: “Stop! Je n’accepte pas que tu me parles ainsi. Tu m’en veux parce que je ne veux pas que tu invites un ami à coucher? Je comprends. Tu es déçu? Je comprends cela aussi. On peut en discuter, mais poliment. Te sens-tu capable qu’on parle avec respect ou on remet ça à plus tard? »

 

4.Expliquez le sens des mots

Avec un tout-petit, on pourrait parler de mots doux et de mots piquants. Ce mot fait donc du bien à mon cœur alors que ce mot me blesse. 

Avec un plus grand, ça devient intéressant de lui demander ce qu’il connait de ce mot et de lui apprendre la signification. En agissant de la sorte, il comprendra mieux en quoi ça peut être blessant.

 

5.Remplacez les gros mots par des mots rigolos

Par exemple, on se met à dire “Ah, zut de flûte” quand vous avez vous même une petite contrariété. Quand c’est au tour de l’enfant de vivre une petite contrariété, devancez-le en disant “Ah oui, zut de flûte, tu as mis ton pantalon à l’envers, hein?” .

Il finira donc par utiliser une nouvelle expression!

 

6.Remplacez les gros mots par un geste

Par exemple, quand vous avez une frustration, commencez à dire “Ah, je suis en colère, je tape des pieds…” et sautillez sur vos pieds.

Quand l’enfant vit une colère, tapez des pieds avec lui. C’est un beau moyen de désamorcer la situation! Puis, en multipliant les occasions, l’enfant s’approprie ce moyen plutôt qu’un autre.

Si la situation que vous vivez s’aggrave, une consultation en coaching parental vous permettra de régler la situation en préparant de nouvelles stratégies.

 

Jessica Rousseau, Coach parental

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