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Mon enfant fait des crises.

Il hurle parce qu’on lui a refusé un 2e biscuit. Il pleure à chaude larmes parce qu’il voulait passer le premier. Il se jette par terre pour ne pas partir du parc. Il rentre de l’école en éclatant d’un rien.

Ça te dit quelque chose? C’est normal!

Si les crises sont normales, sachez qu’il y a quelques facteurs fréquents qui rendent les enfants plus vulnérables à faire des crises. Mieux vaut les reconnaître et les anticiper quand c’est possible!

Je suis Jessica Rousseau, MamanÉducatrucs, Technicienne en éducation spécialisée et je te donne quelques pistes pour ton coffre à outils de Super-Parent.

Les crises : des caprices ou des émotions?

Jusqu’à environ 5 ans, l’immaturité du cerveau émotionnel des enfants les rendent plus vulnérables à faire des crises. À cet âge, les crises sont souvent de nature plus intenses et plus fréquentes. Par la suite, ça devrait s’estomper.

Ainsi, durant les premières années de vies, les crises de vos enfants surviennent sans qu’ils ne le veuillent vraiment. Il est bon de se le rappeler! Nécessairement, ce n’est pas toujours facile d’être un parent patient et compréhensif.

Les crises se déclenchent lorsque l’enfant est envahi par ses émotions. Son jeune cerveau ne lui permet pas encore de réguler ses émotions comme nous le faisons, vous et moi. Eux, ça déborde! Même nous, parfois, n’est-ce-pas?

Comme adulte, nous avons la capacité de mieux se contrôler, de patienter, de trouver des solutions et de se raisonner, mais l’enfant n’a pas encore accès à ces habiletés.

Il ne cherche pas à vous manipuler, mais…

Si on comprend mieux que les crises sont reliées au manque de maturité, on ne fait pas rien pour autant. Comme parent, notre façon d’aborder les crises du tout-petit peut faire en sorte que les crises passeront d’elles-mêmes vers 5-6 ans ou resteront plus fréquentes.

En l’accompagnant dans sa gestion des émotions sans pour autant céder à ses demandes, les crises diminueront d’elles-mêmes. Par contre, en cédant à toutes ses demandes, malgré la maturité de son cerveau, il continuera à faire des crises et cette fois, ce sera pour obtenir ce qu’il veut.

Autrement dit, par vos interventions, votre enfant apprendra que :

Quand je fais la crise, on me dit non et ensuite on cède pour que j’arrête de crier. On me donne ce que je veux. En faisant une crise, j’ai le contrôle sur les autres. Je ne tolère pas les limites.

ou

Quand je fais la crise, on me parle, on m’explique, mais on ne me donne pas pour autant ce que je veux. Quand c’est non, c’est non. Il y a des limites que je dois tolérer et c’est pour mon bien.

Alors, c’est le temps d’être une main de fer dans un gant de velours!

Bienveillance sans céder!

Autrement dit, nous serons des parents plus attentifs pour les soutenir tout en ne perdant pas de vue qu’il y a des règles et des limites.

 

4 situations de crise typiques

Il est fatigué.

C’est Samedi, on déroge de la routine et on fait suivre le petit dernier à notre activité familiale. On repousse la sieste du petit… La journée devient de plus en plus pénible. Le petit éclate d’un rien. Crise après crise. Il ne se comprend plus. Il est fatigué!

Un enfant fatigué est beaucoup plus vulnérable à faire des crises et celles-ci seront beaucoup plus intenses qu’à l’habitude. La fatigue lui fera perdre tous ses moyens!

Lors des visites ou des activités à l’extérieure de la maison, planifiez des moments de repos soit, par exemple, dans la poussette ou lors des déplacements en voiture.

Pour les enfants qui ne font plus la sieste, prévoir des activités calmes et relaxantes à des moments stratégiques de la journée (après le dîner, retour d’école, etc.).

Un petit mot…On pense souvent qu’un enfant excité à l’heure de la sieste peut sauter le dodo puisqu’il semble de toute évidence déborder d’énergie. Au contraire, c’est souvent un signe de fatigue.

Ce qu’on perçoit comme de l’excitation est plutôt de l’agitation. Sachez que plus l’enfant est fatigué plus il aura de la difficulté à s’endormir, car il sera tendu. Il vaut mieux savoir le coucher au bon moment!

Le stress.

Ta fille de 6 ans rentre de l’école. Elle éclate d’un rien. Pas moyen de lui parler. Vous marchez sur des œufs à tout coup. Mais, votre routine doit continuer! Vous enchaînez en lui demandant de ranger son sac, vider sa boîte à lunch, faire ses leçons, mettre la table, etc. Elle est bombardée de consignes. S’en est trop! Elle explose. Elle est déjà au prise avec le stress de sa journée, la fatigue et les tensions à son retour qui s’accumulent. Stop! Elle a besoin de décompresser. Tout comme vous, entre travail et retour à la maison avec les enfants, avoir un temps de pause pour relâcher un peu vos tensions vous rendra plus disponible pour la suite.

Cette petite histoire est de près le portrait de ma fille aînée.

Notre truc #1:

À son retour à la maison, ma fille doit évaluer son humeur et faire un choix. Cette solution est illustrée dans son tableau de routine.

Ainsi, selon ses besoins, elle peut soit aller dans sa bulle pour décompresser seule, soit elle peut se joindre aux autres si elle s’en sent capable.

Généralement, un 10 minutes en paix lui fait le plus grand bien! Elle revient ensuite en douceur et en maitrise de ses moyens. De plus, préventivement, ça évite qu’elle se décharge sur les autres et de partir du mauvais pied nos retrouvailles.

Notre truc #2 :

J’opte presqu’à chaque soir pour que mes enfants prennent leur bain, avant le souper. Ça les aident à « casser le beat » de la journée et relaxer. On a ensuite une plus belle harmonie au souper. De plus, ça nous rend ensuite plus disponible pour les leçons avec l’aînée et nous donne un temps de jeu avec les plus petits.

Les besoins et les désirs.

Les enfants ont des besoins auxquels on devra répondre, parfois dans l’immédiat et parfois ultérieurement. Les délais qu’on impose peuvent générer de la frustration qu’ils auront du mal à tolérer. De plus, certaines de leurs demandes relèvent plutôt de leurs désirs. Encore là, nous pouvons s’y objecter et nos « non » pourront déclencher des crises. Si on y ajoute des facteurs de fatigue et de stress, la crise pourra devenir plus intense et ce même pour « un petit rien ».

Les trucs :

  • Sans céder, accueillir leur besoin et leur dire clairement quand nous pourrons y répondre ou expliquer le refus.
  • Utiliser des repères concrets à l’aide d’une routine visuelle ou encore des formulations telles que : « Après le souper, tu pourras… » et « Quand tu auras pris le bain, tu auras… »
  • Utiliser des alternatives acceptables telle que :

« Tu ne manges pas de barre tendre avant le souper, mais je peux te donner des légumes avec ta trempette préférée. »

  • Éviter d’exposer l’enfant à des tentations inutiles ou ayez un plan B.

Lors de vos courses, il pleurniche toujours pour obtenir un jouet ou une gâterie au magasin. Ayez dans votre sacoche un livre ou une attraction de la maison pour dévier son attention et une collation à grignoter.

  • Prévenez-le de ce qui s’en vient!

Vous devez faire un arrêt chez mamie. Nécessairement, vous vous doutez bien que se sera la crise pour ne pas partir. Dans la voiture, prévenez-le.

« Tu peux m’accompagner chez mamie. Par contre, on va seulement lui porter un sac. Ensuite on retourne à la maison. Tu pourras lui faire un câlin, mais après on dit bye. » Faites-le répéter la consigne et assurez-vous que vous avez un « deal ».

La faim.

C’n’est pas pour rien qu’à l’école, on offre un petit déjeuner aux enfants qui n’ont pas mangé! Bien sûre, se nourrir est un besoin primaire auquel on doit répondre et la faim est un état qui rendra l’enfant agité, irritable, plus agressif et donc plus vulnérable à faire des crises.

En ce sens, l’enfant sera moins capable de se concentrer. La faim émettra un signal au cerveau qui déclenchera une « alarme » de stress. Leur cerveau a besoin de « carburant ».

Ainsi, on peut comprendre qu’un enfant qui a faim est un enfant qui peut rapidement devenir vulnérable.

Sachant tout cela…Fatigue, stress, besoins et désirs, faim…Que pensez-vous de l’idée d’aller chercher le petit à l’école ou à la garderie en fin de journée, d’avoir un trajet de voiture à faire dans la circulation, de virer chercher le reste de la fratrie ailleurs, d’arrêter faire une commission et de passer chercher un truc à l’épicerie pour la préparation du souper? Toutes ses alarmes sont activées! Les probabilités de faire une crise sont plus grandes!

Mon truc :

Personnellement, je me traîne toujours des réserves de collations et une gourde d’eau dans ma sacoche et en voiture. Ils ont des livres à leur portée, un tableau effaçable et des petits jouets de poche à leur siège d’auto. N’oublions pas les doudous et les toutous précieux qui peuvent faire LA différence. On joue avec le paysage, on porte leur attention ailleurs! Bien sûre, on parle, on chante!

Sinon, parfois, il vaut mieux reporter une commission ou annuler une activité lorsque tout joue contre nous.

Le changement.

On le sait, les enfants fonctionnent bien dans une routine. Ce n’est pas pour rien! C’est un moyen de les sécuriser en ayant des repères prévisibles et réconfortants. Alors, apporter subitement des changements à leur routine comme l’heure du coucher et une activité annulée peut les affecter. On pense aussi aux changements qui touchent leur mode de vie et qui peuvent rendre l’adaptation plus difficile.

Quelques exemples :

  • Transitions et sevrage des tout-petits (changement de lit, suce, doudou);
  • Changement de garderie, d’éducatrice, de groupe;
  • Rentrée scolaire;
  • Déménagement;
  • Séparation.

Ainsi, on pense à annoncer les transitions relatives à la routine quotidienne, les préparer aux changements à venir, prévoir une zone d’adaptation progressive, etc.

Il vaut mieux ne pas annoncer des projets qu’on pense peut-être annuler à la dernière minute.

De plus, selon le tempérament de votre enfant, parfois il vaut mieux s’y prendre un peu plus d’avance pour le préparer à un changement alors que d’autres fois, il vaut mieux n’en parler que l’avant-veille ou la veille. On tient compte de ses besoins et de son niveau d’anxiété.

 

Quoi faire avec la crise?

Il y a toutes sortes de stratégies d’interventions, mais pour n’en souligner que les grandes lignes, voici vos consignes parentales :

  • Il ne faut pas abandonner le tout-petit dans sa crise en le laissant seul ou en l’ignorant.

Certains pensent encore que de ne pas accorder d’attention à l’enfant en crise va faire disparaître le comportement. Au contraire, la crise risque de s’étirer ou d’augmenter d’intensité puisque l’enfant sera stressé d’être laissé à lui-même. Il faut donc le réconforter et l’accompagner à trouver de meilleurs solutions.

  • On soutiendra l’enfant sans lui céder.

Vos décisions sont prises dans son intérêt et celui de la famille. On n’accède pas à toutes ses requêtes pour acheter la paix. On risque de se retrouver avec un enfant-roi. On privilégie de l’accueillir, nommer les besoins et les émotions tout en ne cédant pas pour autant aux demandes.

  • On opte pour faire de l’humour, dévier l’attention, trouver des alternatives acceptables, etc.
  • On identifie des moyens pour se calmer et on recherche des solutions.

Petit mot sur l’enfant-roi!

L’enfant-roi, ce n’est pas un enfant qui fait une crise! Tous les enfants font des crises et ne sont pas pour autant des enfants-rois.

L’enfant-roi est celui qui gravite dans un environnement dont il détient l’autorité. On lui a tout cédé et on lui a remis le pouvoir sur les autres. Il ne tolère pas les limites et pense pouvoir obtenir tout ce qu’il veut même en ayant un comportement inacceptable.

Sachez qu’écouter et tenir compte des besoins de votre enfant n’en fera pas un enfant-roi. Au contraire, il sera un enfant plus intelligent émotionnellement.

C’est en achetant la paix, en cédant et en le laissant grandir sans cadre et sans limites qu’il croira que les autres sont à son service et que tout lui est dû.

De plus, ignorer un mauvais comportement pour éviter une crise n’est guère une solution. Si ton enfant te parle mal et que tu le laisses faire, il apprendra que cette façon de faire est permise et acceptable. Il parlera donc de la même façon à son enseignant, son partenaire de vie et ses futurs enfants.

Tentez de voir votre relation comme une collaboration.

Impliquez-le, responsabilisez-le, respectez-le. Rappelez-vous que dire non est aussi un moyen de veiller à son bien-être.

« J’ai besoin de toi. Peux-tu m’aider? »

« J’ai confiance en toi, on va y arriver ensemble. »

« Je t’aime et je te comprends, mais je n’accepte pas ceci et cela… »

Évitez le modèle de soumission. Avec ce modèle, on voit des méthodes qui relèvent du chantage, des menaces, des punitions, etc. Si ça peut fonctionner sur le coup, ça génère d’autres problèmes!

Mon mot de la fin.

Au bout du compte, tout le monde souhaite faire grandir ses enfants dans le bonheur et en leur donnant les moyens d’être de meilleurs adultes. Rappelez-vous que les crises sont normales et qu’elles s’estomperont. En intervenant le mieux possible, vous investissez dans l’avenir!

Jessica Rousseau, MamanÉducatrucs xx



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